Femmes / hommes : des différences à la hiérarchisation
Selon Claude Lévi-Strauss, il a fallu que les premiers hommes, à l'aube de l'humanité, s'imposent la prohibition de l'inceste pour évoluer vers une société viable. Le principe était de voler les femmes des autres groupes et de garder leurs filles et leurs soeurs comme monnaie d'échange : c'était du troc de femmes !
Partout dans le monde ce sont les hommes qui ont échangé les femmes, jamais les femmes n'ont échangé les hommes. Les ethnologues sont formels. On peut dire que "la valeur différentielle des sexes existait déjà dès le paléolithique, dès les débuts de l'humanité. La constante c'est la valorisation du masculin."
Par exemple, dans les sociétés dites "primitives" de chasseurs-collecteurs, les hommes chassent et apportent 20 % de la nourriture au groupe, les femmes collectent, cueillent et en apportent 80 %. Cette proportion est constante d'après les données ethnologiques. Les femmes assurent la survie du groupe mais leur cueillette reste dévalorisée par rapport à la chasse masculine...
"Le partage sexuel des rôles avantage le sexe masculin, partout." (Françoise Héritier)
Les anciennes sociétés ont observé et constaté les différences physiologiques hommes/femmes : le sang chaque mois, la maternité, le lait... Pour beaucoup, la femme est considérée comme "une matrice", "un véhicule", ou comme on dit en Afrique, "une marmite" ! Ce sont les hommes qui mettent les enfants dans le corps des femmes...
Le modèle archaïque dominant est toujours en vigueur. On est sorti des cigognes et des choux mais pour dire aux enfants que "Papa met une petite graine dans le ventre de Maman, la petite graine grandit et un jour, le bébé sort du ventre de la Maman." On est donc bien sur le modèle archaïque classique : la femme reste "une marmite" !
Les femmes et les hommes sont différents, c'est indéniable. On peut dire qu'on se complète pour le meilleur... et parfois pour le pire. Mais il reste encore du boulot avant de mieux considérer les femmes. Elles méritent mieux.
Mon job de "marmite", moi je l'ai adoré ! J'ai pourtant eu deux grossesses compliquées. Alitée presque dès le début pour mon aîné (Poitiers-Le Vigeant à l'époque : presqu'une heure de trajet à l'aller, idem au retour et des problèmes de thyroïde non décelés), à cause de contractions au troisième mois, là, ensuite, je me suis copieusement ennuyée... Heureusement que j'aime lire !! Mais le résultat en valait la peine, quelle merveille que ce p'tit gars-là. 1,75m environ (la dernière mesure), longiligne, d'une finesse d'esprit, un humour de fou... Bref, je trouve que j'ai bien bossé, quand même ! Et je dis "je", parce que j'ai été sur tous les fronts, pour lui... Son père aussi, un peu, mais moins... Pi il n'est pas là pour dire le contraire, alors j'en profite !
Le plus jeune, ça a été complexe aussi. Amniocentèse (pas le choix... avec le recul, ce serait non...) et déjà, là, menace d'avortement spontané. Je récuse le terme de fausse-couche, trop laid... J'ai passé quasiment toute ma grossesse alitée, à lire, écrire, lui parler et lui chanter des berceuses.... et lui dire de s'accrocher... que je l'attendais...
Jusqu'à un séjour au SIG (soins intensifs grossesse) puis un retour à la maison : "Vous allez voir, si ça se trouve, il va falloir vous le déclencher, parce qu'il va aller au-delà des 9 mois !" qu'ils disaient...
Et bah non, 3 jours plus tard, perte des eaux, à 52 semaines d'aménorrhée... 7 mois en gros. Catastrophe. Piqûre de cortisone pour moi, pour aider ses poumons pas matures, traitement de cheval pour retarder l'échéance... Panique en clinique... Tout ça pour ça. Un crapaud joli de 1,06 kg est arrivé la nuit suivante ! Un rapide et délicieux peau à peau (chance, le médecin accoucheur était une femme, ce jour-là...) puis soins et mise sous couveuse...
Je vous passe les 26 jours de néonat où les mamans pleurent, rient, respirent leurs bébés, tirent leur lait pour que leurs petits bouts puissent être allaités par sonde jusqu'à ce qu'ils sachent téter (il y en a qui abandonnent, moi pas, je me suis accrochée pour que cela marche) et leur donnent tout leur amour, à travers une vitre ou en kangourou dès que c'est possible.... Je suis restée 6 jours puis j'ai dû rentrer à la maison, sans lui, en pleurant, j'ai eu l'impression de laisser mon coeur dans cette couveuse... J'y allais le plus possible, restant 6 ou 7 heures avec lui et revenant encore le soir, peu importe les kilomètres... La pédiatre de la néonat a fait sortir notre bébé bien avant le poids légal et l'âge requis : elle savait que j'étais prête et avait confiance ! Quelle pédiatre formidable, je l'ai embrassée ce jour-là ! Les filles de la néonat n'en revenaient pas, c'était la première fois que leur chef prenait une telle décision. Faire confiance à une maman... en manque de son bébé ! Il aurait dû rester encore au moins un mois...
Le p'tit gars a bien grandi, bientôt 12 ans, premier de la classe et délégué de classe, défenseur des opprimés, une sacrée personnalité ! Parfois un peu trop "entier", sensible et agaçant... Mais les chiens ne font pas des chats, paraît-il...
Bref, je le redis, mon job de "marmite", je l'ai adoré. Mon rôle de mère restera le plus beau rôle de ma vie, le premier. Merci au Papa de m'avoir donné ce rôle-là. Inestimable. Même si nos routes se séparent, je sais ce que je lui dois.
La fusée "divorce" est sur la base de lancement. Prête à tout incendier au décollage. Quand il ne reste des amours passées que le décompte financier. Pension alimentaire. Compensation financière. Chouette avocate, elle enrichit mon vocabulaire...