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Voyage à divorce land
3 octobre 2016

Je mange donc je suis

 

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Comment l'acte de manger, si simple à première vue, peut-il devenir source de torture ?

Le refus de manger de l'anorexique n'est pas une grève de la faim, c'est un comportement psychologiquement anormal à la nourriture. C'est valable pour le (la) boulimique et pour celui (ou celle) qui pèse tous ses aliments...

Se nourrir, c'est prendre des responsabilités. C'est se transformer, transformer son corps. Pour l'anorexique, manger c'est inconsciemment devenir femme, se séparer de son enfance et de ceux qu'elle aime. Vivre une vie de femme avec tout ce que cela implique.

La bouffe a des vertus apaisantes, anxiolytiques et antidépressives. La nourriture est une compagne fidèle, on n'achète pas de l'amour mais on peut acheter une tablette de chocolat et deux paquets de chips !

L'anorexique et la boulimique sont dans un conflit permanent : manger est une torture. Une angoisse. Un dégoût.

Le plaisir de bouche devient obcène. La mastication des autres devient indécente. Impudique. Le bruit de déglutition devient classé X. Le coeur au bord des lèvres...

"Je regarde les autres manger et ils me dégoûtent. Moi, je ne mange pas et je me suis coupée des autres petit à petit. J'avais des tas d'amis et puis j'ai arrêté de leur parler. Je me sens bien pourtant comme ça. Je suis dans ma bulle. Le pire, c'est que je n'ai aucune envie de me sortir de mon monde. perdre mes amis m'est égal maintenant. La seule chose que je veux, c'est me balancer sur mon trapèze, de plus en plus légère, encore plus légère..." (Bénédicte, 16 ans)

L'anorexique refuse la notion de faim et se sent si mal lorsqu'elle mange... Elle se sent moins que le néant, son estime de soi est dans les profondeurs abyssales.

Les guérisons spontanées sont inexistantes, paraît-il. Pour mon cas personnel, je n'ai eu besoin que d'un seul séjour en hôpital psy. Ce fût un tel choc. Si violent et si doux. Oui, un doux mélange d'amour et de haine, de fascination et de répulsion. 

Une jeune alcoolo dépressive avec qui refaire le monde, des psychopathes hurleurs de nuit, des infirmiers attentifs, des femmes de ménage dodues aux bras accueillants, des psys qui font peur, des parents inquiets, des arbres majestueux, des bruits de serrure, des "amis" fuyants... comme je les comprends...

Un infirmier m'offrait des mini-savons. Chaque jour, un petit savon. Des savons à s'en décaper la peau. Se sentir sale. Frotter avec l'énergie du désespoir. Perdue. Dégoûtante. Dégoûtée.

Une fille-fantôme aux portes de la mort. L'anorexique croit qu'elle maîtrise "à mort" la situation !

Puis donner un coup de talon au fond du gouffre et remonter à la surface. Réapprendre à manger. Réapprendre à s'aimer. Ne plus jamais faire confiance. L'amour ça entraîne trop loin. Je m'en suis sortie. Lui a fini sa route dans un platane. Je n'ai jamais su si c'était volontaire.

Pour m'en sortir, là, il a fallu me jeter dans le travail, les études, les mots, les miens et ceux des autres. Et s'appuyer sur les seuls qui sont restés : mes parents. La thérapie dure toute la vie... ou pas ?

ll n'existe pas de médicament contre l'anorexie. Il s'agit d'un travail sur soi, son rapport à l'alimentation, le tout accompagné de beaucoup d'amour...

Les anorexiques gardent souvent un rapport complexe à l'alimentation. Elles ont aussi tendance à se peser trop souvent, bien plus que de raison. Se trouver du ventre avec des bras de brindille. Elles se jettent "à corps perdu" dans le sport. Elle gardent un rapport à leur corps complexe et riche à la fois...

 "Elle est belle, plus éclatante, plus dans la réalité de l'idéal féminin, même si au fond de moi, je préfère encore crever que de prendre un gramme." (Ganaël Joffo, parlant de sa fille)

Cela a parfois été source de conflits avec mes amoureux. J'ai parfois fui les repas partagés, préférant manger seule et vite, sur un coin de table ou même debout. J'ai eu des amoureux doués en art culinaire qui m'ont "gavée" comme une oie. Un laotien musicien m'a fait découvrir le plaisir de cuisiner et de manger assise, presqu'en silence. J'ai fait en sorte qu'il me quitte. L'art de pousser un homme dans ses retranchements... L'art d'exaspérer l'autre jusqu'à ce qu'il annonce : "basta". Pour me retrouver seule, libre et triste à la fois.

Est-ce qu'être aimée signifie que je ne sois plus moi-même ? Pourquoi m'oublier ? Pour disparaître ? Redevenir plus légère qu'une plume... Le complexe de la plume... ce serait un bon titre de livre !

Je tiens à préciser que si j'ai mis une majuscule à "maigreur" dans les tags, il s'agit d'un acte involontaire (ou alors mon inconscient a décidé de me mettre des bâtons dans les touches du clavier...) mais je n'arrive pas à modifier, ne m'en voulez pas.

Bon, rassurez-vous, c'est mon passé mais j'avance dans ma reconstruction. Brique après brique. J'attends toujours le Prince Un Peu Charmant. Celui qui me donnera envie de croquer la vie à belles dents. Je commence tout juste à y croire. J'ai envie d'y croire.

 

Avec un clin d'oeil, à nouveau, à la belle et si talentueuse (talent - tueuse) Olivia Ruiz : Mon corps mon amour...

Olivia Ruiz - Mon corps mon amour (CLIP OFFICIEL)

 

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Commentaires
C
Je te suivrai de loin, tu me feras vivre par procuration tes émotions et tes sensations, à te lire... même sans aller au bout c'est déjà un sacré truc, mais je suis sûre que tu vas y arriver !!
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C
Bah si, évidemment que tu les mérites !<br /> <br /> 27 h de course maxi pour ta prochaine... comment veux-tu qu'on ne t'admire pas ?<br /> <br /> Bises, prends soin de toi !
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C
Merci à toi, Mia, de laisser un petit mot ici. Heureuse de voir que oui, on peut en sortir totalement !<br /> <br /> Tu sais que j'admire énormément ta détermination et ta force de caractère qui se lit dans ta façon d'aborder le sport et la vie en général.<br /> <br /> Bravo et que la Force de la Course soit avec toi !!<br /> <br /> Bises
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M
Merci pour cet article qui dit énormément, tout en fait. Aujourd'hui j'en suis totalement sortie. J'ai appris, tout doucement, à aimer mon corps tel qu'il est, avec ses "défauts", et surtout à le respecter. Après tout c'est lui qui me permet, sans broncher, de courir longtemps comme j'aime. rien que pour ça il mérite que je le bichonne. :) Merci mon corps!
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C
En fait, j'ai eu deux épisodes principaux: adolescente vers 15, 16 ans, puis pendant mes études de psycho, jusqu'à la descente en enfer.<br /> <br /> <br /> <br /> Le PUPC : oui, je vais finir par y arriver, à faire confiance, un jour... en moi et en un homme...<br /> <br /> Risquer d'être heureuse, j'aime bien la formule !<br /> <br /> Bisous de ta tite plume (j'en ai toujours eu plein, des surnoms !) ;)
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