Géopolitique de la condition féminine
Toujours dans le livre "Géopolitique de la condition féminine" (qui cible toutes les injustices, de la politique de l'enfant unique qui aboutit aux avortements systématiques des futurs bébés de sexe féminin, au bandage des pieds des filles, à l'excision... bref, aux droits des femmes bafoués dans de nombreux pays...), d'Elizabeth Crémieu, on opère un retour sur les débats en France sur l'interdiction des signes religieux, qui ont eu lieu en 2003. Dans les démocraties, les débats sont vifs face à la montée des fondamentalismes. C'est devenu à l'époque un débat sur le voile.
Certaines féministes étaient pour l'interdiction, estimant que c'était malhonnête de voir le voile comme un simple morceau de tissu ou un signe religieux comme un autre. Annie Sugier disait que "le voile est le moyen de rendre la femme invisible dans l'espace public, de lui désigner sa place et son statut de subordonnée."
D'autres, estimant être des féministes de responsabilité plutôt que des féministes de principe, s'opposaient à cette interdiction à l'école et à l'exclusion des élèves voilées, pour éviter "la mort scolaire de jeunes femmes, leur isolement, leur abandon possible aux mains des religieux et de la domination masculine."
Pour Wassyla Tamzali, cette position revenait à prendre partie pour le communautarisme, contre l'universalité des Droits de l'Homme et l'égalité homme-femme : "En France, en Espagne, en Italie, le traitement sexiste des femmes est toléré quand il est revendiqué et pratiqué par des populations venues d'ailleurs."
La France, ce vieux pays laïque, est touchée par la montée des fondamentalismes. Fadela Amara, fondatrices de Ni putes ni soumises, explique cette montée par la dégradation de la situation dans ces quartiers ghettoïsés : "chômage des pères, échec scolaire de nombreux garçons, qui "tiennent les murs" dans les cités et se vengent de leurs frustrations en opprimant les filles."
Dans tous les pays autoritaires touchés par le fondamentalisme, des mouvements qui défendent les droits des femmes s'organisent, leurs membres prennent de gros risques. Leurs marges de manoeuvre sont limitées, leurs membres sont parfois harcelés par la police et accusés de "complicité avec l'ennemi qu'est l'Occident". Wassyla Tamzali, féministe laïque algérienne, parle de "l'utilisation de la culture du ressentiment et de la haine anti-occidentale pour étouffer la démocratie et la liberté."
Les nouvelles technologies sont précieuses pour ces militant(e)s, afin de se faire connaître à l'étranger et de trouver des appuis de la part d'Amnesty International, notamment.
"Le degré de civilisation des sociétés se mesure à la place qu'elles accordent aux femmes."
Françoise Picq.