Lettre à mes f... et mes s...
Dois-je oser écrire ces mots en entier ?
... Voici la suite des lettres aux petits morceaux de mon moi corporel que j'ai...
J'ai écrit à mon ventre, ma peau, mes yeux, mes jambes, mes mains et d'autres morceaux encore...
Rappel : les âmes prudes peuvent promener leur souris ailleurs...
Oui, les attributs classiques des filles sont les fesses et les seins. N'ayons pas peur des mots. On pourra toujours croiser la route d'incorrigibles romantiques qui frémiront à l'évocation de nos yeux qui pétillent, de notre délicate nuque ou de nos élégants bras d'elfe... Mais la grande majorité avouera sous la torture à demi-mot préférer ces deux parties du corps des femmes.
Une fois n'est pas coutume, je vais écrire à ces deux morceaux de mon corps à la fois, et pas en copie cachée !
Je sais, c'est audacieux. Scandaleux. Pas frileux. Bon, il faut que j'arrête avec les rimes à la noix.
Commençons par vous, mes seins...
Heu... y a pas à dire, c'est tout de même étrange, de dialoguer avec ses seins.
Bon, désolée pour vous, les p'tits gars (je vais leur donner ce petit surnom), mais vous ne serez jamais l'opulente poitrine rêvée. La généreuse gorge fantasmée. Bah non, vous étiez inexistants à l'adolescence. (Inconsciemment, j'ai tout fait pour). Plus tard, vous êtes devenus bonnet B. B comme Bien. C'est déjà pas mal, sur la copie double - petit format - petits carreaux. Mais deux allaitements plus tard, vous êtes devenus bonnet A. A comme Assez bien. Limite redoublement. Presque planche de surf sur mes seins. Pas de vagues. Peut mieux faire. Avis défavorable du Conseil de Classe.
Non, rien de rien...
Jamais je n'ai regretté ce bonheur de donner mon lait à mes bébés. Comme un cadeau de la vie. Donner le sein. Je ne suis pas mammifère pour des prunes, moi. Jamais je ne me suis sentie aussi utile dans la vie que lorsque j'ai connu ce bonheur de voir un petit bout de chose endormi paisiblement sur mon sein, repu et ravi.
C'est ça, j'ai trouvé une utilité, là. Et ça m'a fait du bien.
Inutile de songer à revoir la copie, en matière de bonnet. Il suffit que je reprenne trois kilos pour reprendre quelques arguments au balcon... Le bistouri ne passera pas par moi ! Je ne blâme pas celles qui le font, elles pensent sûrement se sentir mieux après... Mais c'est comme ça, les p'tits gars, vous et moi, à nous deux (trois...), on est, comme au sein d'une équipe, une bande de potes à nous trois !
Je l'ai toujours dit : la taille, on s'en moque, l'important c'est l'usage qu'on en fait. C'est valable pour pas mal de choses, ça, dont le cerveau...
Bon, passons au "gros" du sujet !
Mes chères fesses... Non, trop classique.
Mon respecté postérieur... Non, trop "prout-prout-ma-chère".
Mon divin popotin... Non, trop prétentieux.
Mon indécent séant... Mon altier fessier... Mon puritain arrière-train... Mon cher petit...
Pas facile de vous écrire, quand même !
Vous avez toujours été l'assise de ma position. Vous avez souvent été la seule partie charnue de mon anatomie. La seule petite rondeur qui restait lors des pertes de poids monumentales.
Même lors de la Chute. La grande, celle qui finit dans des couloirs blancs. Ma chute de rein, toi, tu étais toujours là. Ce petit rebond, comme un sursaut de vie.
Vous poser quelque part, mes fesses, et respirer le parfum de la vie. Assise sur un vieux banc moussu.
Il ne faut jamais vendre la peau des fesses avant de les avoir tuées. Je vous l'ai dit, j'ai une conscience végane, alors j'aimerais qu'on laisse les ours engloutir leur miel en paix.
J'ai parfois demandé aux gens de s'occuper de leurs fesses au lieu de vouloir diriger les miennes, qui n'en ont fait qu'à leur tête. Même pas peur d'avoir la tête dans le ... le matin au réveil. Désenchantée.
Je n'ai jamais été du style à botter les fesses des gens. Chacun ses fesses, quoi, et le derrière sera mis en avant.
La vie, on dit que ça coûte la peau des fesses. Ce n'est pas vrai. Vous n'avez jamais rien demandé, à part un petit nid douillet pour vous poser.
Comme disait ma maman lorsque ça s'embrouillait un peu à la maison : "Chacun son opinion et s'asseoit dessus !" Les fesses sont le point final des conversations houleuses.
Elle avait raison, j'ai découvert plus tard ce que voulait dire "la réconciliation sur l'oreiller". Bravo, mes fesses, il vous arrive d'avoir le dernier mot, ou le dernier silence, plutôt.
Comment terminer une lettre aussi osée ?
J'espère trouver chaussures à mes pieds, ou mains à mes f...
Bref. Restons-en là, voulez-vous. Je vais me poser quelque part avec mon "puzzle" au complet... Me mettre sur pause deux, trois jours...
Mais à qui vais-je bien pouvoir écrire ensuite ?