Lettre de Mimi à Valentine
Valentine,
Il t'a aimée. Follement. Eperdûment. Passionnément. Aveuglément.
Tu as été la première. Tu lui as appris l'amour. Tu lui as donné ton corps. Pour la première fois.
Pour toi, il a tout sacrifié. Il a changé de travail. Il a fait en sorte que sa vie s'accorde à la tienne. Il a eu les rêves et les projets les plus fous. Pour toi.
Pour toi, il a bâti une maison.
Pour toi, il a créé un jardin.
Pour toi, il a inventé une vie.
Avec toi, il a même voulu un enfant. Pourtant, il n'était pas prêt. Toi non plus.
La naissance de votre enfant a été le moment le plus fort de sa vie. Et le restera.
Moi, j'arrive après. J'arrive trop tard, peut-être.
Tu ne l'aimes plus. Vous vous êtes éloignés. Progressivement. Lui, il voulait que tu sois sa femme à 100%. Si tu avais dit oui, ce jour-là, vous seriez encore ensemble, tu le sais. Il le sait. Moi aussi.
Il était si fier de toi, il parlait de toi sans cesse. Tu apparaissais partout, sur ses murs, dans ses photos, sur ses sites. Moi, je suis dans l'ombre. Le fantôme qui hante tes nuits, c'est moi.
Je l'aime. Il m'aime. Du moins, il le croit.
Dis, le sais-tu, que tu resteras toujours entre nous ? Le sais-tu que jamais je ne te remplacerai ? Le sais-tu que moi, je ne pourrai pas lui donner un enfant. Je suis stérile. Sèche et démolie à l'intérieur. On m'a violée. L'enfant est mort lorsqu'il avait trois jours. Depuis, je suis devenue stérile. Triste ironie. Moi qui, gamine, voulais une ribambelle de mômes dans mes jupes.
Tu ne me connais pas. Je ne te connais que trop. Il m'a tant parlé de toi. Je n'arrive pas à t'effacer de ma vie. Tu seras toujours là, comme un mur entre lui et moi. Tu seras toujours la maman de votre enfant. La tendresse du mot maman dans sa bouche me donne envie de mourir.
Valentine, je te souhaite une belle vie. Sans lui. Et je me souhaite de lui faire t'oublier. Un peu. Juste un peu.
Mimi.
Sophie-Tith, Corson - Ces Choses-Là
Je sais qu'un jour tu t'envoleras...
Peut-être qu'un jour, tu vas souffrir, ou bien tu vas rire...
Mais je serai plus là, j'suis bien trop fière pour ça...