Emmène-moi au Pays des Merveilles

                     

                                         (photo mome.net)

Quand on est enfant, on met de la magie un peu partout. On croit très fort que si on arrive à ne faire que 15 pas sur cette bande de trottoir, Maman va guérir. On croit très fort que si on arrive à réciter 10 fois de suite sa poésie sans se tromper, Papa ne va pas s'énerver, ce soir. On croit très fort que si on arrive à compter toutes les marches du phare, la lumière brillera toujours pour nous.

On y croit. On croise les doigts et on crache par terre. Croix de bois, croix de fer...

Quand on est enfant, on fait de la balançoire. On aime aller de plus en plus haut, sentir le vent qui nous caresse les cheveux, se tenir de plus en plus à l'horizontale, à la limite de tomber... Balançoire, jolie balançoire, emmène-moi au ciel... Parfois on se casse la margoulette. La balançoire n'a pas exaucé notre souhait.

Quand on est enfant, on joue au yoyo, on le lance, il tombe, remonte. On le jette, il tombe, remonte... Puis un jour il ne remonte plus. Game over.

Quand on est enfant, on joue à la marelle. On part de la Terre pour arriver au Ciel, à cloche-pieds. En ramassant un caillou. Puis un jour, on ne l'atteint plus jamais, le Ciel. Partie terminée.

Quand on est enfant, on joue à l'élastique. Les copines tendent l'élastique entre leurs jambes, on saute, on saute, on tourne, on virevolte, on enchaîne les figures. Puis un jour, l'élastique craque. Fin du jeu.

Quand on est enfant, on joue à "Un, deux, trois, soleil". On avance prudemment pendant la comptine. On s'immobilise. On avance à nouveau dès que la comptine reprend. Puis la comptine s'arrête. Définitivement. Le soleil est mort.

Quand on est enfant, on joue à la corde à sauter. On saute, on croise les bras, on tourne, on saute, de plus en plus vite. Puis un jour, la corde s'emmêle. Chute finale.

Quand on est enfant, on joue au Loup. Loup Prisonnier, Loup Glacé, Loup Touche-touche. On joue au loup, en meute. Puis un jour les loups hurlent à la mort. Le Loup est enterré, ce soir.

Puis un jour, on grandit, on joue à d'autres jeux. Jeux dangereux. Jeux d'amoureux. Jeux de mains. Jeux de crétins. Jeux adorables. Jeux inavouables. Jeux magnifiques. Jeux fatidiques. Jeux flamboyants. Jeux larmoyants. Jeux défensifs. Jeux excessifs. Jeux de harpon. Jeux de c...

Game over. Fin de la partie. Retour à la case départ. On n'est plus des enfants.

Boulevard des airs - Emmène-moi

                 "Emmène-moi voir la mer, fais-moi boire l'océan

               Emmène-moi dans les airs, aime-moi dans le vent"

Comments

[CreaPascale]

Purée, vous avez tous décidé de m'inquiéter, aujourd'hui...

Oui, je m'inquiète pour les gens que j'apprécie, moi. Avec ou sans pique-nique, avec ou sans feuilles mortes.

Prends soin de toi.

Tu as raison, parler libère...

Ce blog est un exutoire et tant mieux s'il a une utilité pour les gens du coin (pas seulement moi)...

[CreaPascale]

P... Nico, je ne pensais pas que tu en parlerais, là...

Tu as raison, face à l'injustice, il faut garder une part d'enfance pour lutter...

De tout cœur avec toi, tu garderas en mémoire ces 24 h... mais tu souriras à nouveau à la vie. La VVR...

Bisous, bonne nuit (au chaud dans un vrai lit)

[Nico.]

Ben non.

On a beau être incarcéré - je sors de 24 heures au trou, je sais de quoi je parle - on peut rester enfant.

Je suis enfant.

Ça fait plus de quarante ans que ça dure, et ce n'est pas près de s'arrêter.

Bon, c'est vrai que, sur sa planche dure, dans les odeurs d'urine, la lumière blafarde qui empêche de dormir et n'est pas suffisante pour lire, les bruits de clefs, les mégots par terre et l'humidité qui pénètre partout, on peut finir d'oublier un temps donné l'enfance. On fini par penser à cette putain de vie d'adulte. On pense à l'injustice et à la haine.

Mais avant, mai après, je reste un enfant.

Je ne sais pas croiser un tas de feuille mortes sans shooter dedans. Longer un muret sans grimper dessus. Voir une barrière sans sauter par dessus. Suivre des pigeons sans leur courir après. M'allonger à terre sans voir des girafes dans les nuages. Tomber sur une flaque d'eau sans sauter à pieds joints dedans.

Je suis enfant. Et c'est ce qui me permet de vivre ma putain de vie d'adulte sans en crever.

Ça devrait être interdit, de vieillir.

[CreaPascale]

C'est vrai que c'est génial, le truc incontrôlable et encore mieux quand c'est partagé...



J'ai le souvenir d'un fou rire en solo dans la belle-famille, un jour où ils parlaient exorcisme, j'ai été la seule à rire jusqu'à en pleurer et quitter la table... grand moment de joie et aussi de solitude, après... mais qui me fait encore rire toute seule !



Vive le rose de la vie, bisous ma Pascale Positive ! ;)

[CreaPascale]

Merci Pascale, pour la bouffée d'optimisme...

Pas facile, par moment, mais tu as raison : gardons la petite flamme aux fond des yeux et l'envie de rire comme des mômes...

Bisous