Intuition féminine
Je commence par le post-scriptum...
PS : mes baskets blanches et moi avons passé un excellent week-end avec une soirée fabuleuse, de belles rencontres, des conversations hallucinantes, quelques coupes de bulles qui font pétiller les yeux, des rires, des salsas, macarenas, rocks et choré du tonnerre avec des danseurs et danseuses au top (ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas dansé, comment j'ai pu oublier que j'adore ça ?!)... J'ai reçu pas mal de marques de sympathie et plus si affinités, ce qui renforce mon petit égo malmené... Merci à celui qui m'a dit que j'étais ravissante et que j'avais illuminé la soirée (il y a des mecs qui savent parler aux femmes à 4h du matin !)... Je suis rentrée chez moi dimanche soir avec du sommeil à rattraper et l'envie de revoir certaines personnes (merci aussi à celui qui m'a dit à 3h du matin "Je préfère m'en aller parce que je ne suis pas en état de te laisser une belle image de moi, j'aimerais te revoir")...
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Ceux qui me connaissent le savent, j'ai ce qu'on appelle de l'intuition. C'est lié à une sensibilité exacerbée qui est épuisante. Je ne sais pas si mon intuition est féminine ou non, mais il m'arrive assez souvent de "sentir" certains choses ou certaines personnes. Et il m'arrive par ailleurs de me planter grave, hein ! (Parce que là, du fin fond de ma grotte d'ivoire, mon intuition était en berne)...
Mais il y a quelques jours, j'avais tout bon !
Je fais beaucoup de vélo en ce moment, c'est mon moyen de déplacement et mon sport, pour profiter du soleil avant l'arrivée de l'automne. Je suis allée à la maison de quartier où je fais des activités, payer mon inscription et déposer des livres dans la boîte à livres. C'est mon quartier d'avant, celui où j'étais si bien...
Là, je pédalais tout doucement parce que je venais de remonter sur mon vélo et j'ai croisé une femme blonde, pas très grande, quelques kilos en trop, peut-être une dizaine d'années de moins que moi. Le brushing impeccable, pas un cheveu qui dépasse, le petit chemisier BCBG, le reste du même acabit. Pas mon style ! Moi, c'était short en jean taille 34, baskets running et petit top moulant décolleté en V vert forêt assorti à mon look flamboyant de Raiponce décoiffée par le vent ! (je bats le record d'adjectifs !)
Elle, pas vraiment belle mais pas laide non plus. Le genre de fille sur lequel on ne se retourne pas. Ordinaire. Lisse. Comme les cheveux. Rien qui dépasse.
Le truc qui m'a interpelée, c'est son regard.
Elle s'est figée en me fixant. Elle avait de la curiosité et une lueur d'inquiétude dans le regard. J'ai encore ralenti en la croisant mais moi j'étais face au soleil avec mes lunettes noires. Son regard m'a tellement étonnée. J'ai encore pédalé un peu.
Et là, j'ai compris. J'ai su que j'avais croisé Carglass, celle qui répare et remplace. Peut-être m'avait-elle vue en photo ? Elle savait forcément par son chéri que j'étais une sorcière rousse. Ni lisse, ni transparente.
Sur mon épaule gauche, la sorcière a dit Mais vas-y, p**, qu'est-ce que t'attends...
Sur mon épaule droite, la fée a dit Mais non, c'est mal, rentre vite chez toi...
Elles m'ont saoûlée, les deux, posées sur mes épaules. Je me suis fait un "Plouf, plouf"... C'est la sorcière qui a gagné. Prépare tes sortilèges, sorcière, tu en auras le coeur net...
Je l'ai alors aperçue de loin avec la fille de mon ex dans les bras, cette femme blonde et lisse. Je l'ai vu, lui, poser un bras possessif sur ses épaules. J'ai tourné les talons de mes pédales et je suis rentrée chez moi. Vous n'allez peut-être pas me croire, mais je souriais sur mon vélo.
Mon intuition féminine est trop forte ! Je l'avais dit à mes copines que je l'imaginais petite, blonde et en surpoids... Mon opposé. Je les trouve mal assortis, elle fait trop petite bourge classique pour être assorti à un jardinier végé à graines germées. Ce n'est pas le genre de fille à passer la nuit en forêt ou à sortir d'une grotte sans petite culotte. Non, lisse et plate. Voilà la vie rêvée. Pour lui.
Quant à moi, je suis définitivement guérie. Finies les larmes et la tristesse. Je n'en finis pas de revivre.
(Et j'attends le chèque pour la maison)
Je vous le dis, ma vie à moi ne va rien avoir de lisse, hé, hé, hé !!
(je paie les droits d'auteur à qui de droit en bouquets de lavande)
"Je continuerai à être aventureuse, à changer, à suivre mon esprit et mes yeux, refusant d'être étiquetée et stéréotypée. L'affaire est de se libérer soi-même, trouver ses vraies dimensions".
Virginia Woolf